Le Girardin industriel est un investissement fiscal qui vous offre une réduction d’impôt supérieure au montant investit, mais le risque, c’est que cette réduction d’impôt soit remise en cause si un ou plusieurs engagements ne sont pas respectés.
Ce risque court pendant toute la durée de vie des engagements de conservations de titres ou de biens, dont vous avez consenti.
En fonction de l’investissement réalisé et du matériel mis en location, cette durée peut s’étendre sur 5, 10 ou 15 ans.
Comme vous le savez, il n’y a pas de rendements sans risques, maintenant, il faut bien comprendre les dangers en amont, ce qui permet d’éviter les écueils et de prendre la bonne décision en fonction de votre situation à l’instant T.
Avant d’aller plus loin, si vous n’êtes pas familier avec le dispositif, lisez notre article : qu’est-ce que le Girardin industriel ?
Risque de requalification fiscale
Lorsque vous réalisez un investissement en Girardin industriel, le plus gros risque auquel vous êtes exposé, c’est la remise en cause de la réduction d’impôt par l’administration fiscale.
Plusieurs conditions légales doivent être respectées pour bénéficier pleinement de votre avantage fiscal, on retrouve :
- L’obligation d’exploiter le matériel loué pendant une durée minimale de 5 ans : cette condition est le fondement même du dispositif, s’il y a une défaillance au niveau de l’exploitant, un repreneur doit rapidement prendre le relais de la location du matériel pour que l’engagement ne soit pas remis en cause. (Pour les investissements liés aux travaux de construction, le minimum légal est de 15 ans et pour les investissements spécifiques concernant les navires de croisière de moins de 400 personnes, le minimum légal est de 10 ans)
- L’obligation pour l’investisseur de conserver ses parts dans la société de portage pendant 5 ans : l’investissement que vous réalisez est One-shot et à fonds perdu, mais vos parts doivent être conservées pour ne pas remettre en cause votre avantage fiscal
- Le ou les investissements doivent être réalisé dans un domaine d’activité éligible au dispositif : on retrouve par exemple le secteur de l’industrie, de l’agroalimentaire ou depuis 2024 la production d’électricité utilisant l’énergie radiative du soleil (sous certaines conditions), …
- Le respect de la distribution du minimum légal de taux de rétrocession à l’exploitant : de 56% pour les investissements sans agrément fiscal et de 66% avec agrément
- La bonne gestion et création de la société de portage qui gère l’investissement en Girardin industriel sur la durée.
À noter : S’il est vrai que vous obtenez votre réduction d’impôt l’année suivant votre investissement, le risque de redressement fiscal lui court pendant au minimum 5 ans, donc jusqu’en 2030. Il faut ajouter à cela, que si un événement survient en 2030 (cession de bien ou d’activité éligible), alors le risque de redressement est prolongé jusqu’au 31 décembre 2033.

Risque lié au statut d’associé en Société en Nom Collectif (SNC)
Lorsque vous réalisez un investissement en Girardin industriel dit « de plein droit » (cette opération ne nécessite pas d’agrément fiscal et le montant maximum du projet ou des projets financés au total est inférieurs à 250 000 €), la société de portage qui est créé est souvent une Société en Nom Collectif (SNC).
Vous ne le savez peut-être pas, mais en tant qu’associé d’une SNC, vous êtes responsable solidairement et indéfiniment des dettes de la société sur l’ensemble de ses biens personnels.
S’il est vrai que le risque financier porte majoritairement sur la partie financée par un emprunt bancaire, la responsabilité illimitée de tous les associés en SNC demeure un risque inhérent.
Certaines professions libérales réglementées sont incompatibles avec le statut d’associé de SNC, ce qui peut limiter l’éligibilité pour certains investisseurs.
Par exemple, si vous êtes avocat ou médecin, dans les faits, le conseil de l’ordre n’autorise pas ce statut-là, mais est le plus souvent toléré dans le cadre de l’investissement en Girardin industriel, étant donné qu’ici, vous ne générez pas de bénéfice, uniquement une réduction d’impôt.
Risque de défaillance des parties impliquées
S’il y a une défaillance d’une des parties impliquées dans l’investissement Girardin industriel, est-ce un risque de requalification ?
Oui, tout à fait.
Tout d’abord, l’exploitant local, à qui le matériel est financé puis loué, doit être choisi avec le plus grand soin par la société porteuse du projet.
Il doit en effet être suffisamment solide pour maintenir la location du matériel pendant plusieurs années (au minimum 5 ans), et une trésorerie suffisante pour sa propre structure.
À noter : si l’exploitant cesse son activité ou n’est plus en capacité de loué le matériel financé, la solution pour la société de portage est de trouver rapidement un autre exploitant pour relouer le matériel et éviter une remise en cause de la réduction d’impôt.
L’autre risque auquel est exposé l’investisseur en Girardin industriel porte sur la livraison du matériel mis en location.
Il doit être livré et actif au plus tard le 31 décembre de l’année de la souscription.
Enfin, le dernier risque de défaillance qu’il convient de vérifier avant de souscrire à un Girardin industriel, c’est le défaut d’assurance.
La société de portage qui gère l’investissement doit obligatoirement avoir souscrit à une assurance de responsabilité civile (RC Pro).
Avec une structure comme la SNC, vous êtes redevable dans la limite de vos parts des dommages éventuellement causés.
Risque d’escroquerie ou de détournement de fonds
Nous vous rappelons que le Girardin industriel est un investissement qui est réalisé dans les DOM TOM, et dont la plupart ne voient de cette opération, que la réduction d’impôt.
Choisissez donc bien l’opérateur avec qui vous allez réaliser votre investissement.
Si la majorité des acteurs sont intègres et que cet investissement est régulé par l’AMF, vous pouvez avoir à faire avec des opérateurs peu scrupuleux.
Surtout si vous investissez seul.
Pour éviter d’investir dans une opération frauduleuse :
- Vérifiez les statuts et l’historique de l’opérateur
- Demander l’attestation de l’inscription au registre dédié aux intermédiaires en défiscalisation Outre-mer qui est délivré par la préfecture
- Faites-vous accompagner par un expert, comme un conseiller en gestion de patrimoine
Risques liés au cadre législatif et administratif
Comme tout dispositif de réduction fiscale mis en place par l’état, les règles définies à un instant T, peuvent évoluer ou être remises en question à chaque loi de finance, ce qui peut impacter votre investissement.
À aujourd’hui, le dispositif Girardin industriel est maintenu jusqu’au 31 décembre 2029.
La loi de finance de 2026 pourra le proroger ou le stopper, mais il est encore trop tôt pour le dire.
Un changement du plafonnement des niches fiscales peut aussi modifier la rentabilité de votre investissement en Girardin industriel.
Aujourd’hui, l’avantage fiscal obtenu peut être de 10 000 €, avec une enveloppe supplémentaire de 8 000 € pour les investissements réalisés en Outre-mer.
Soit une enveloppe fiscale de 18 000 € au total.
Mais en Girardin industriel, le calcul de ce plafonnement est plus complexe, car ce n’est qu’une fraction de l’avantage fiscal qui est pris en compte, pour rappel :
- 34% pour un investissement avec agrément
- 44% pour un investissement sans agrément
À noter : s’il y a un dépassement du plafond, la réduction d’impôt restante n’est pas reportable.
Encore une fois, le choix de l’opérateur portant le projet d’investissement ne doit pas être pris à la légère.
Nature de l’investissement : capital à fonds perdus et absence de rendement traditionnel
Le Girardin industriel est un dispositif qui a des spécificités liées à sa nature de placement qui octroi une réduction d’impôt.
Si on ne peut pas parler de risques, à proprement parler, la nature de son fonctionnement doit être bien appréhendée avant de vous lancer.
Investissement “à fonds perdus”
Par rapport à un investissement classique, avec le dispositif en Girardin industriel, vous allez investir votre argent “à fonds perdus”.
Concrètement, vous ne récupèrerez pas votre capital investi au terme de la période de portage, mais en contrepartie, vous obtiendrez une réduction d’impôt “one shot” (en une seule fois, l’année suivant l’investissement) qui est supérieure au montant investi, avec une rentabilité allant généralement de 11% à 37%, en fonction de la société qui commercialise l’investissement.
C’est parce que l’investissement en Girardin industriel est à fonds perdus que le risque de requalification fiscale est d’autant plus grand.
En effet, vous pouvez perdre, votre investissement de départ, plus la réduction d’impôt restituée l’année suivante.
Absence de Revenus et de Liquidité
Mis à part la réduction d’impôt, lorsque vous réalisez une opération en Girardin industriel, vous ne générez aucun revenu ou gain sur le long terme.
D’autres types d’investissement offrent, eux, des loyers, de la plus-value à terme, des dividendes, etc.
En effet, les actions et parts sociales que vous détenez dans la société de portage ne sont pas liquides et ne sont pas admises sur les marchés de titres financiers réglementés.
Nécessité de réitérer l’opération
Vous l’avez compris, la réduction d’impôt restituée par votre investissement en Girardin industriel est “one shot”.
Si vous souhaitez obtenir la réduction d’impôt tous les ans, il vous faut réitérer cet investissement à fonds perdus chaque année.
C’est là qu’une stratégie patrimoniale à long terme est intéressante, pour voir quelles solutions mettre en place pour à la fois, réduire vos impôts, mais aussi vous construire un patrimoine solide.
À noter : si la réduction d’impôt octroyée par le Girardin industriel est clairement attractive, il vous faut garder à l’esprit qu’il faut un fond de trésorerie important, à la fois pour démarrer le premier investissement, mais aussi, pour pouvoir rembourser à l’administration fiscale les projets qui peuvent être requalifiés.
Comment limiter les risques de l’investissement en Girardin industriel
Nous avons fait un tour exhaustif de tous les risques inhérents au Girardin industriel, maintenant, voici comment faire pour limiter les risques en amont.
Choisir le bon intermédiaire
Nous espérons que c’est désormais clair pour vous, le choix du monteur de l’opération en Girardin industriel dans laquelle vous allez investir est le facteur numéro dans sa réussite.
C’est lui qui va trouver les exploitants sur place et faire les études de marché.
Pour bien le choisir, vous avez 2 options :
- La première, est de vous faire confiance et d’étudier chaque opérateur consciencieusement avant de choisir avec lequel vous allez investir votre argent
- La deuxième est de vous faire accompagner, par un conseiller en gestion de patrimoine par exemple, qui sélectionne lui-même les partenaires avec qui il travaille et peut vous proposer des solutions pour limiter la perte de votre capital en cas de problème
Des éléments clés peuvent vous aider à y voir plus clair, notamment :
- Le taux de rendement proposé : plus il est élevé, plus l’opération peut être risquée. C’est un indicateur, par une vérité absolue, là encore, il vous faut peser le couple rendement/risque avant de vous lancer
- L’expérience de l’opérateur : la longévité d’un opérateur sur le marché est souvent signe de sérieux
- Les avis clients : étudiez les retours des autres investisseurs pour vous faire un avis objectif et impartial sur l’opérateur avec lequel vous allez investir
La garantie de bonne fin financière et fiscale (G3F)
Certains opérateurs mettent en place une garantie de bonne fin financière et fiscale (G3F).
Cette assurance vous protège en cas de reprise de la réduction d’impôt par l’administration fiscale, mais elle vient drastiquement réduire la rentabilité de votre investissement.
Dans les faits, les opérations sont rarement couvertes par un assureur.
C’est surtout la bonne santé financière de l’opérateur, via les fonds propres du gestionnaire qui peut assurer les pertes.
Si investir en Girardin industriel offre une réduction d’impôt supérieure au montant investi, elle reste néanmoins une solution dont le risque de remboursement court sur une longue période après avoir récupéré le fruit de votre investissement.
Ne vous lancez pas tête baissée dans cet investissement, d’autant plus en injectant un capital que vous ne pouvez pas perdre.
N’hésitez pas à vous faire accompagner par un professionnel afin de limiter les risques et de trouver la solution de défiscalisation la plus adaptée à votre situation.

